Dans notre belle démocratie, il y a une certitude inéluctable et non-négociable: le grand remplacement. Le seul futur possible se présente sous les traits de l’islamisation, de l’africanisation et de la tiers-mondisation.
Dans notre belle démocratie, la souveraineté du peuple est une vaste blague. Notre peuple est tellement souverain qu’il est remplacé ! Il est mis en concurrence chez lui avec d’autres peuples, porteurs en germe d’autres souverainetés ! Quel exploit !
Dans notre belle démocratie, il est facile de changer de sexe, mais il est impossible d’avoir son mot à dire sur l’avenir commun. L’horizon est bouché. Vous n’avez pas le choix. On vous intime d’habiter un monde où vous serez constamment un étranger parmi des étrangers. Un monde construit à l’avance par un architecte qui ne vous a pas demandé votre avis. Un architecte autiste qui se fiche que votre sensibilité soit heurtée à chaque coin de rue, que vous ne reconnaissiez plus les paysages de votre enfance et que plus rien, absolument rien, n’ait un air familier. Un architecte criminel qui a conçu une sorte de prison à ciel ouvert où, pour survivre, vous devez en permanence faire attention à ne pas heurter les tabous, les valeurs et les coutumes exotiques de vos compagnons de détention.
Ailleurs, au-delà de l’Europe de l’Ouest, ce supplice n’est pas au programme. Les autres peuples sont autorisés à persévérer en eux-mêmes. Ils ont le droit, eux, à la continuité. Mêmes les pires dictatures africaines ou asiatiques concèdent aux populations le droit de rester dans l’histoire.
Or, notre histoire a été volée, notre destin n’est plus entre nos mains puisque nous avons importé des problèmes qui ne sont pas les nôtres. D’un côté, les problèmes typiques du sous-développement : corruption, incivisme, népotisme, clientélisme, ignorance et court-termisme. Ces maux font le malheur de l’Afrique et du Maghreb, ils sont désormais nos problèmes aussi puisque nous sommes devenus une extension, froide et pluvieuse, de ces deux civilisations. D’un autre côté, nous avons à gérer les fruits amers de la diversité, c’est-à-dire les conséquences de la mise en contact prolongée de civilisations qui n’ont rien à se dire, voire qui ont passé les derniers mille ans à se détester. Le diagnostic est connu de tous, inutile de le dérouler pour le plaisir de se faire mal. La diversité évoque une mère de famille qui ouvre à plein le robinet de gaz et invite ses enfants à jouer avec un briquet. Imaginez le potentiel explosif que recèle la cohabitation d’un couple gay avec des voisins de palier musulmans pratiquants. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, le pays étant traversé de millions de frontières minées, fossés invisibles mais ô combien profonds qui séparent les modes de vie et les sensibilités.
Avoir vingt ans aujourd’hui, c’est avoir l’assurance de passer sa vie à ressentir ces difficultés et à essayer de les désamorcer. Avoir vingt ans aujourd’hui, c’est assumer les conséquences de la légèreté et de la lâcheté des générations qui ont rendu possible l’immigration de peuplement. Avoir vingt ans aujourd’hui, c’est ne pas avoir son mot à dire sur les causes que l’on aimerait servir, car il sera de toute façon question de sous-développement, de séparatisme et d’ensauvagement, les trois cadeaux empoisonnés reçus en héritage. L’ordre du jour des prochaines décennies est bouclé, ceux qui rêvent de climat et de construction européenne devront se replier sur le « métaverse » ou se réfugier dans leur imagination.
Les jeunes d’aujourd’hui ne goûteront probablement pas aux joies du voyage, en tout cas pas autant que leurs aînés qui ont vécu dans une France réellement française et dans une Europe réellement européenne. Plus rien ne les dépaysera vraiment, puisqu’ils vivent 365j/365 parmi des étrangers. Comment se sentir « en voyage » à Marrakech si le Maroc réside désormais dans les villes françaises ? Comment ressentir de tous ses pores la négritude qui coule dans les veines des habitants de Rio de Janeiro si l’Afrique réside désormais à Saint-Denis et au Châtelet ? Comment s’émerveiller des coutumes des peuples d’ailleurs si l’on habite soi-même « ailleurs ». Plus rien ne va étonner nos enfants dans l’avenir, je me réfère à ce délicieux étonnement que procure l’écoute des accents étrangers et l’expérience de l’altérité.
A terme, nous allons tuer l’exotisme. Nous allons tuer le voyage. Nous allons tuer la diversité du monde.
Ce crime est commis avec l’assentiment (et sous les applaudissements) des ventres mous et des yeux éteints qui nous servent de commissaires européens. Cruel paradoxe : la seule Europe qui nous est proposée est une anti-Europe. Son sort est celui d’une jeune fille qui, la veille de ses noces, aurait été kidnappée par des malfrats et rendue à son futur époux, souillée et défigurée. Ce n’est plus la même. De la jeune fille qu’il a aimée ne restent que les souvenirs et les regrets. Le rêve européen a été violé.
A l’autre bout de l’amphithéâtre, les « républicains », de gauche et de droite, se réjouissent. Ils assument le grand remplacement comme l’aboutissement naturel du Progrès, le stade ultime du projet républicain né en 1789. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train d’accomplir une Nouvelle Révolution Française qui consiste à démanteler 2000 ans d’histoire et à en commencer une autre. La République Française se désintègre à chaque coup de dynamite qu’elle jette entre les entrailles de Marianne. Les nouveaux peuples qui surgissent sur son sol ont rarement les dispositions morales et culturelles qui leur permettraient d’accepter d’être gouvernés selon les principes de la redistribution, de la justice et de la laïcité. Bien souvent, les « nouveaux Français » sont porteurs d’une civilisation qui ignore l’égalité et restreint la solidarité aux limites des liens de sang. La République Française a signé son arrêt de mort. De plus en plus, elle ressemble à un corps décapité qui continue à marcher, comme si de rien n’était, le système nerveux ayant encore de quoi donner quelques impulsions aux muscles. Mais, l’âme, c’est-à-dire l’essence, est partie.
Dans la fosse, à mi-distance des européistes et des républicains, il y a nous : les gens du commun. Nous n’avons même pas le droit de nous plaindre, la mort sociale attend effectivement quiconque dénonce le grand remplacement. On le traite de xénophobe. Eh bien, heureusement que mes grands-parents marocains étaient xénophobes, sinon le Maroc n’aurait jamais mis fin à la colonisation française qui lui a été imposée en 1912. Heureusement que le FLN a été xénophobe, sinon l’Algérie serait encore française. Heureusement que Ho Chi Minh était xénophobe, sinon le Vietnam serait encore une immense plantation d’hévéa aux mains d’une poignée de financiers.
Au fond, ce n’est pas de xénophobie qu’il s’agit mais de s’aimer soi-même. Ce qui manque à la France aujourd’hui et à l’Europe occidentale en général, c’est l’Amour. Il y a un défaut d’amour en ce moment et un trop-plein de haine. Sous le maquillage grossier du « droit à l’accueil », se dissimule le visage hideux de la haine, avec son regard rouge qui attise les braises.
Le parti de l’Amour dénonce le grand remplacement. Le camp de la haine le désire en secret et martyrise les témoins qui rendent compte du réel. Epoque apocalyptique où le Mal semble être sur le point de l’emporter. Voici une époque idéale pour le surgissement d’un prophète. Les simples mortels que nous sommes devrions guetter les signes dans le ciel (avec espoir) et nous astreindre à une saine discipline : à Rome vivons comme des Romains, à Marrakech vivons comme des Marrakchis.
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