Mercredi 06 novembre 2024
J’atterris aux Etats-Unis. Welcome to Miami ! Je suis venu participer à un séminaire de la droite conservatrice au Delaware. Il est 5h du matin, je suis étonnement frais et dispo. J’ai deux heures pour faire la connexion vers le Delaware. Mais, les choses déraillent…
L’homme en uniforme au contrôle de police me demande de me mettre de côté et d’attendre. Ensuite, j’ai droit à une fouille corporelle et à une fouille des bagages. On me pose des questions : où je vais, d’où je viens, etc. Puis, j’attends dans un bureau. Accrochée au mur, un écran plat avec les infos matinales : Trump l’a emporté ! Je suis content pour lui mais inquiet de ma situation personnelle.
Deux heures passent, j’ai perdu la connexion.
Puis, vient la délivrance : You are free to go.
Quand je demande le pourquoi de tout cela, je reçois un I don’t know.
Alors que la frontière mexicaine est ouverte, alors que les gangs vénézuéliens colonisent les plus petites villes américaines, je suis fouillé et interrogé en profondeur. Je ne prends pas ça personnellement, ce n’est pas l’Amérique qui a un problème avec moi, c’est la bureaucratie ou un algorithme quelconque qui m’a pris pour cible.
Jeudi 07 novembre 2024
Me voilà au Delaware, tout le monde est sympa. L’accueil réservé à l’entrée du pays est aux antipodes de ce que je vois ici.
On mange mal mais le café est bon, meilleur que ce que je pensais. La nourriture est très chère, hors de prix. Un steak coût 50 USD. Un steak frites ! Une bière dans un bar à partir de 8 USD… Tu m’étonnes que Kamala ait perdu les élections ! Il ne faut pas être expert en sciences politiques pour comprendre les raisons du fiasco démocrate : l’inflation.
Le wokisme n’a pas perdu. Il n’a pas été mis KO par les idées de droite. Il s’est juste affaissé sur lui-même, il est retombé par terre comme un ballon qui se vide car les frigos sont vides. Les gens sont prêts à tout accepter (même qu’un homme utilise les WC des femmes) si le frigo est plein et s’ils partent en vacances une fois par an. Les Américains ont du mal à faire les deux.
Vendredi 8 novembre 2024
J’ai donné ma conférence aux Américains.
Ils sont bons. Leurs élites sont excellentes. J’ai croisé un jeune homme de Harvard spécialisé dans la littérature castillane du XII° siècle. Nous avons devisé du Cid durant dix minutes. Plus tard, j’ai assisté à un atelier sur Nietzche où, pour la première fois de ma vie, j’ai enfin pu comprendre quelque chose à ce grand philosophe.
Ce sont aussi les rois du networking. On dirait qu’ils ont été entrainés depuis l’enfance à poser les bonnes questions en moins de cinq minutes.
J’ai connu un Espagnol de Murcia. On est vite devenu amis. Les affinités entre le nord et le sud de Gibraltar sont immédiates. En quelques minutes, on a été rejoint par un Péruvien et un Equatorien, les deux exilés aux Etats-Unis et profs dans une fac de droite. On a refait le monde à nous quatre, comme si nous étions frères en civilisation, membres d’une famille dont les membres se connaissent depuis des siècles.
Lundi 11 novembre 2024
Philadelphie, centre-ville, une odeur de cannabis à 360 degrés. Des trottoirs sales, une ville triste : une mairie de gauche. Ai-je besoin d’élaborer ?
Je suis frappé par la condition noire. Les SDF sont en majorité noirs. Les types louches que tu croises à un coin de rue le sont aussi, tu ne sais pas s’ils sont malades mentaux ou malveillants ou les deux. Je parle des gens dans la rue. A l’hôtel ou dans les magasins, tu tombes sur des noirs parfaitement « normaux ». Il n’empêche, la pauvreté à Philadelphie est afro-américaine me semble-t-il. Les latinos sont partout mais ils ne sont pas aussi vulnérables. Ils dégagent un je-ne-sais-quoi d’optimiste, alors que les noirs semblent traîner une immense colère. Est-elle justifiée ou pas, ce n’est pas mon sujet. Je note juste que l’Amérique noire s’est fait dépasser par les latinos.
L’ambiance est lourde. La ville est belle malgré tout mais le climat est triste. Tu vas à la pharmacie, les vigiles (tous noirs) montent la garde. Tu veux acheter un shampoing, il faut appuyer sur un bouton pour qu’un jeune homme vienne déverrouiller l’antivol. Tu fais les magasins, tu sens partout une sorte de méfiance collective entre les gens : les races s’évitent. Elles s’épient et s’évitent en même temps. Contrairement au Brésil, les gens ne forment pas un peuple. Ils ne sont d’accord sur rien à part consommer et faire la guerre peut-être. Je comprends mieux pourquoi se payer est obsédé par l’économie et la guerre : ce sont les deux conditions de sa paix interne. Autrement, les gens sont capables de s’entredéchirer. Je ne ressens aucune possibilité d’amour entre les races ici. Aucune réconciliation possible entre les blancs et les noirs. Le rejet est réciproque.
Vendredi 16 novembre 2024
MIAMI ! I LOVE YOU!
Magnifique réussite américaine! Merveille à nulle autre pareille !
Ici, l’immigration a été une chance. Contrairement à la France, l’immigration a rendu cette ville plus belle et plus prospère. La fusion est complète entre l’élément cubain qui apporte la vie et le sourire et l’élément anglosaxon qui apporte la rigueur et la bonne gestion.
C’est une Andalousie inversée où les peuples du Sud envahissent le Nord pour se placer sous sa houlette et lui rendre allégeance. Ils se contentent de l’embellir et de l’humaniser. Oui, je dis bien humaniser car les nanas sont superbes (on se croirait au Brésil), les rapports du quotidien sont plus doux que dans les villes du nord et parce que l’architecture est superbe. Rien du brutalisme des immeubles modernes de Philadelphie, aucune trace de l’épidémie de SDF qui infecte les villes démocrates… Que des couleurs vives et des traits harmonieux.
Franchement, je me vois bien vivre quelques mois chaque année à Miami.
Trois mois ici, trois mois en Colombie, trois mois en Andalousie, trois mois auprès de ma mère au Maroc.
Est-ce trop demander ?
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