Mardi 03 décembre 2024
La Japonaise s’étire. Elle a un top rose et un short rose. Des tennis saumon clair. La peau jaune. Les yeux grands, les pupilles dilatées. Le visage ovale et aplatie. Ni belle, ni moche. Elle est présente. Et quelle présence. On dirait un jaguar au bord de l’eau, collé au sol parmi le feuillage, prêt à bondir au moindre bruit.
Je m’étire moi aussi, et je pense à ce qui m’a amené ici à São Paulo. Qui aurait dit que j’allais tout plaquer à Paris pour me retrouver à São Paulo, étendu sur un tatami, à deux pas d’une nippo-brésilienne à moitié à poil.
Il n’y a rien d’érotique dans tout ça. Nous sommes deux serviteurs du Seigneur que le destin a posé au même endroit et au même moment. Deux serviteurs, bon ou mauvais, je ne sais pas. Dieu est le souverain, nous ne sommes que des pantins dotés d’illusions et de muscles si vite atrophiés.
Je me demande combien d’hommes et de femmes sont morts pour que cette rencontre ait lieu. Mon père a survécu à deux coups d’état pour que je fasse mes études, que je « rate » ma carrière et que je me retrouve en exil au sud de l’équateur. Et je parie que ses aïeux à elle ont dû en voir des pertes et des pas mûres. La misère et la surpopulation au Japon, la bombe nucléaire peut-être, le dénuement et le racisme en arrivant au Brésil comme réfugiés. Tous ces sacrifices additionnés pour que nous soyons tous les deux couchés sur un tapis à 11h du matin, un jour de semaine.
Il ne me reste plus une seule chose : dire merci.
Comment on dit merci en Japonais ? Arigato… Vite mademoiselle, dites Arigato.
Quelque chose dans ses cheveux noirs et épais évoque Hong Kong ou Formose. Une énergie marine voire insulaire peint ce paysage si loin et si accessible. Un sédatif et un énergisant en même temps, comme si l’on vous faisait respirer de l’opium et de la cocaïne en même temps.
Laissez mademoiselle, je dirai Arigato en votre nom. Et longue vie à l’Empereur du Japon !
Mercredi 11 décembre 2024
08h du matin, rdv chez le médecin. Ah ce corps qui se fait vieux. Je ne peux plus courir, j’ai une fracture d’un os au nom impossible à prononcer. Fracture par stress. L’os tout fin s’est légèrement fissuré à force de répéter le même geste.
Quand j’avais vingt ans, ce genre de choses ne se produisait pas. Mais, je n’ai pas profité de mes vingt ans, c’est comme si je n’avais jamais eu vingt ans.
09h. Un SDF dégueulasse monte dans le métro. Mon Dieu, ce qu’il pue ! Il infecte le wagon à 15 ou 20 m à la ronde. Ce con fait du bruit en plus. Le regard narquois, il tapote sur le siège à côté comme s’il levait un drapeau, celui du choléra et de la peste, sur les ruines de notre citadelle. Tout est territoire conquis. La ville est ouverte, immense pissotière à l’usage des drogués et des pirates. Ce fils de pxxx de SDF est un pirate mais il n’est pas un déviant. Le déviant, c’est moi. Le marginal, c’est moi, car être propre, s’habiller normalement et payer son ticket de métro constituent l’acte fondateur de la rébellion aujourd’hui. Le système se fiche du SDF, il le transporte gratuitement, mais il me combat moi car je suis le rebelle : si je parle à une nana, je vais en taule pour harcèlement ; si je saute la barrière, je paye l’amende pour fraude…
11h. Je suis irrité. Tout m’est insupportable, à commencer par moi.
Je sais ce qui m’énerve. Je dois appeler le Maroc pour essayer de démêler un des nombreux épisodes administratifs qui me tourmentent en ce moment. Je ne sais pas quel bout m’y prendre. Tout me fait peur, tout me semble impossible.
Midi. Je n’en peux plus. Je ne peux appeler personne au Maroc. Je m’effondre et je dors une heure.
14h. Au boulot, c’est fluide.
16h. Impossible de travailler. Tout a l’air si inutile. Si vain et si désespéré. J’ai reçu une nouvelle qui m’a coupé l’herbe sous le pied.
16h30. Je suis à la salle de sport. Mon prof personnel a perdu tout respect pour moi : « Tu manges mal, tu t’entraînes peu, tu ne vas pas t’en sortir si tu continues comme ça ». Purée, pourquoi tout le monde se croit en mesure de me donner des leçons ? Je dois être trop gentil.
Je me laisse faire, je pousse les charges et bois de l’eau. Je me console en regardant les beautés qui peuplent la salle. Que ce pays est favorisé ! Il y a autant de femmes fatales que de délinquants capables de tuer pour voler un téléphone ! On mourra tous en train de faire l’amour ou juste après ou juste avant…
20h. Retour au travail. Ma femme m’a remis sur les rails. Dès qu’elle me voit dans cet état, elle me rappelle les règles que j’ai moi-même énoncées pour moi-même : « Concentre-toi sur ce que tu fais bien, porte ton attention et tes efforts là où tu es vraiment bon, et délègue le reste à des gens qui sont mieux équipés que toi pour s’en occuper ». Sauf qu’il y a certaines journées où j’oublie ma loi intérieure et je me laisse absorber par les appels de mon psychisme qui aime côtoyer de temps en temps l’impuissance.
Minuit : coucher. Heureux.
Mercredi 18 décembre 2024
Le monde est devenu dingue. Ce matin, ma femme est tombée sur le concierge de l’immeuble en train de fumer. Elle lui a fait la remarque, il l’a envoyé se faire foutre. Je suis descendu le voir, il m’a dit qu’il n’a jamais prononcé ses mots. J’ai été étonnement calme. D’habitude, je m’énerve ou bien je me crispe au point de devenir une pierre immobile. Cette fois, j’ai pris les choses de haut : « Dans quel monde de merde nous vivons ? Les gens sont devenus dingues, tu as perdu la tête toi aussi ! » Et je me suis éloigné, direction le commissariat pour le dépôt de la plainte.
Depuis le covid, les gens se sont désinhibés. Tous, sauf moi, j’ai l’impression. Moi, je n’envoie personne se faire foutre. Je ne distribue pas les baffes à ceux qui me manquent de respect. C’est une question d’éducation. On m’a instruit à respecter les gens et à éviter la violence. Jeux de mains, jeux de vilains, n’est-ce pas ? Je fais partie de la génération qui compose le 19 quand elle se sent victime d’une injustice.
La civilisation s’effiloche sous nos yeux. On dirait que les êtres s’effondrent sur leur méchanceté intrinsèque comme une poutre rongée par les termites. Il y a quelques années, elle aurait pu tenir encore car elle était soutenue par des cordes qui la maintiennent en place, ces cordes étaient la morale, la réputation et la peur du gendarme. Désormais, et je crois que la pandémie y est pour beaucoup, les cordes ont été coupées. On a signifié aux gens qu’ils sont le centre du monde, qu’ils se suffisent à eux-mêmes et qu’autrui est une menace, un concurrent, pas une condition de l’existence. Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement mais on a relâché la bête.
Une bête qui dispose de l’IA et du drone. Rarement des animaux auront été aussi puissants.
Jeudi 19 décembre 2024
J’ai déjeuné avec un ami avocat. On a mangé du poulet frit. Il a bu une bière, j’ai bu un coca avec du citron pressé. On a ressassé la situation politique française, mon ami est franco-brésilien. On s’est lamenté de la situation politique brésilienne, mon ami étant comme moi un Brésilien patriote qui déteste Lula et les corrompus qui l’entourent.
On a quitté le restaurant, dépités et en colère. On a fait dix mètres et sur notre chemin on a croisé une jeune brune aux cheveux bouclés – un délice, une blonde aux bras nus tatoués de motifs fins – une tentation qui vaut bien deux ou trois divorces contentieux, une brune à la peau très blanche et aux cils énormes – une invitation à tout arrêter pour examiner le naturel de l’artificiel.
Il s’est retourné vers moi et il m’a dit : « Quelles calamités ! ». Je lui ai répondu : « Ce pays est foutu ! »
Les femmes ont cette force spéciale qui rend secondaire le principal et essentiel le futile. C’est nous le sexe faible.
Le monde arabe se porterait bien mieux si les femmes étaient plus libres, plus visibles, plus présentes. Un peuple opprimé sur le plan sexuel perd sa joie et sa créativité, il devient méchant et rempli de ressentiment. A l’inverse, un peuple satisfait s’affaiblit car il se vautre dans les plaisirs de l’alcôve et oublie ses responsabilités. Tout est question d’équilibre et il est difficile à atteindre.
En tout cas, l’oppression des hommes en terre arabe et musulmane en générale crée les conditions d’un impérialisme de tous les instants. Un homme frustré sur le plan sexuel est un soldat en puissance, un guerrier immédiatement disponible. Il est prêt à toutes les aventures pour faire subir à autrui la douleur qu’il endure. D’où le MNA belliqueux et le jihadiste sauvage, les deux prêts à traverser les frontières sur le dos d’un pickup pour un oui ou pour un non. Le monde arabo-musulman a trouvé la recette de l’impérialisme low-cost.
Vendredi 20 décembre 2024
Dégoût et colère devant l’attitude occidentale en Syrie. Quelle honte ! Quelle indignité ! Nous adoubons Al Qaeda le plus naturellement au monde ! Après avoir « emmerder » la planète entière au nom des droits des femmes et des gays, nous félicitons chaleureusement les ennemis jurés du progressisme. Mais sommes-nous devenus dingues !?
Bachar el Assad était un salaud mais c’était notre salaud. Il aurait pu être notre salaud si nous avions accepté de l’embaucher pour servir nos intérêts dans la région : garder l’œil sur les islamistes, protéger les minorités chrétiennes et religieuses, contenir l’avancée turque qui vise le sud donc la Syrie et l’Irak où elle veut rétablir son ancienne splendeur et « bouffer » les kurdes. Mais imbéciles que nous sommes, nous avons imposé des sanctions à Bachar el Assad durant dix ans. Et le jour où les islamistes – les mêmes qui ont bombardé le Bataclan – ont pris le pouvoir, nous avons annoncé notre souhait de lever les sanctions.
Lundi le 23 décembre 2024
Noël, c’est demain mais rien n’évoque Noël. La ville est plus agressive que d’habitude, les livreurs sont prêts à tuer pour passer en premier, les gens sont obsédés par la liste des choses à acheter ou des chantiers à terminer avant la date fatidique. Je lève les yeux et je ne vois pas de décoration de Noël à part ici ou là des guirlandes rachitiques et des boules rouges accrochés aux rares arbres qui résistent à la destruction. São Paulo ne s’apprête pas à fêter Noël, elle livre un autre match de MMA contre elle-même. C’est à qui arrivera vivant et les poches pleines le 24 décembre au soir.
Mardi 24 décembre 2024
J’ai choisi ce jour spécial pour subir une tomographie du bassin. Je n’avais pas le choix, il n’y avait d’horaire disponible que ce jour-ci. Au Brésil, tu as une assurance santé privée et tu vas aux labos que celle-ci t’autorise de fréquenter. La mienne est plutôt bonne, pas géniale, mais juste. Elle est sous l’eau en cette fin d’année car tous les corniauds qui ont passé 2024 à buller se sont réveillés au même moment pour explorer ce qui se passe dans leurs entrailles.
Me voilà pris en main par deux infirmières, une blonde et une brune. La blonde n’est pas maquillée, elle porte ses 50 ans fatigués. La brune est masquée, je ne saisis que ses yeux amande et ses sourcils arqués. Sa peau est huileuse, entre la cire et la pistache : la juste mesure.
« Tu viens d’où ? Ton prénom est exotique ? Comment sont les femmes de ton pays ? Elles portent toutes le voile ? Tu as le droit à 4 épouses ? »
D’où vient une telle curiosité mesdames !
« Ah tu es mariée avec une Brésilienne ! »
Et soudain l’intérêt s’est dissipé. Mais l’enchantement est resté.
Ce peuple est magnifique, mais il n’est pas achevé. Tel est son drame. Il est un enfant qui refuse de grandir. Il est doux et en même temps cruel, comme un enfant à problème, comme un enfant abandonné qui a mal tourné. Le Brésilien est orphelin de père. La figure paternelle est chancelante, depuis toujours et surtout de nos jours. Les mères seules ne sont pas capables de combler l’absence du père. Cela donne un peuple qui n’apprend pas à canaliser sa violence, cette cruauté qui habite en chacun d’entre nous. Alors, il explose au lieu de méditer, il ressent au lieu de penser, il consomme au lieu d’épargner, il brûle au lieu de cultiver. On a l’impression d’avoir affaire à une boule d’émotions qui attend un guide pour devenir une énergie vitale extraordinaire. Car ce peuple est unique, il a la meilleure race au monde et un bon fond : il est curieux par construction, accueillant par nature et rustique par son histoire. Tu peux le bombarder, il se réveille le lendemain avec le moral au beau fixe et se remet au boulot. Il n’a rien de l’indolence légendaire des tropiques, il lui manque juste un guide qui « active » ses ressorts : on dirait qu’il attend constamment un ordre qui viendrait d’ailleurs, on dirait qu’il est un être sans Volonté.
Et quand il n’y a pas de volonté, il n’y a que des pulsions. Certaines sont belles, on les admire dans les bordels et dans les écoles de samba à chaque veille de carnaval. D’autres sont hideuses, elles expliquent les 70 000 homicides par an.
On a cru que le peuple amérindien était un peuple enfant, or c’est le peuple qui l’a remplacé qui est l’enfant. Il en a la vitalité, la joie et l’insouciance et tous les défauts : il n’apprend pas de ses erreurs, il se fait enfumer par le premier politicien venu, il n’a aucune ambition et il n’a pas de mémoire car un enfant ça oublie tout et ça pardonne vite. Et bien sûr, je l’ai dit, il est cruel.
Assis sur un trésor, le Brésil peut vivre l’enfance jusqu’à l’éternité. Le pays est si riche qu’il supporte les enfantillages et les bêtises sans s’effondrer. Rien n’oblige vraiment le Brésil à rentrer dans l’âge adulte. La terre est bénie des cieux et aucun ennemi extérieur ne se profile à l’horizon.
Pour sauver le Brésil, il faut ressusciter la figure paternelle. Le reste suivra spontanément.
Jeudi 26 décembre 2024
J’envie les mauvais garçons, ils exposent à tout le monde la pire version d’eux-mêmes. Nous autres, les gentils garçons, les honnêtes gens, nous l’avons enterrée très profond notre pire version de nous-mêmes. Peut-être que nous avons perdu la clef du compartiment secret où on nous a convaincu de la confiner. Alors, dans cette époque de mxxxx où les voyous ont l’avantage, où les enfoirés sont les chouchous du système, nous sommes inutiles et sans défense.
Le futur appartiendra aux ensauvagés.
Vendredi 27 décembre 2024 – matin
Quoi que tu fasses, tu auras des ennemis. Il se trouvera toujours quelqu’un pour te détester et te déclarer la guerre. Au bureau, dans ta famille, dans la rue… Tu n’as pas à perdre de temps à chercher le pourquoi. La haine précède tout. Les gens ont besoin de haïr autant que de respirer. Tu dois savoir comment te défendre.
La vie est tragique, cet aspect y ajoute. L’hostilité est inévitable. Le contentieux est une seconde nature. Je suis arrivé à cette conclusion récemment, d’autres, plus sages, l’ont reçue au biberon. Toute ma vie, j’ai essayé de plaire et d’être aimé. Je me suis exposé aux coups de griffe des uns et des autres, ce n’est pas leur faute au fond car j’ai constamment baissé la garde.
Le pire dans tout ça est de se faire mordre les mollets par des rats. Si l’ennemi se nomme Napoléon, la douleur qu’il inflige semble plus douce car c’est un géant qui t’opprime. Mais quand l’ennemi est un nain, la douleur est décuplée, elle revêt les traits d’une humiliation en place publique, comme ces lendemains de révolution où les gueux crachent sur les gentilshommes exhibés à la vindicte des ratés.
Il n’y a d’autre choix que la puissance, il n’y a d’autre recours que la force que l’on trouve en soi-même.
Vendredi 27 décembre 2024 – début de soirée
Je fais du sport et j’écoute de la musique. Du hard rock. Je n’aurais jamais pu croire que j’allais apprécier le hard rock il y a tout juste six mois. Je change vite en ce moment : je muris ou bien je vieillis, en tout cas je me transforme. J’ai toujours adepte des musiques noires (c’est raciste de dire ça ?) et je le demeure mais le hard rock correspond à une de mes fréquences internes du moment : la colère. La haine peut-être. Je l’assume, car sans haine on ne fait rien. Comme l’amour, la haine est un combustible. Une ressource que la nature nous a donné, il serait bien irresponsable de s’en priver.
Je bute cela dit sur l’esthétique du hard rock. Je suis habitué aux courbes agréables des minettes qui peuplent les clips de rap, pas aux corps ravagés des chanteurs de hard rock. Hommes et femmes, ils sont des épaves. Leur esthétique est post-traumatique : elle est le décor d’un accident de la circulation où la mort et la mutilation ont eu le dernier mot.
Je crois qu’ils manifestent la sortie de route de l’Occident. Ils sont les gueules cassées qui émergent du cratère où plusieurs bombes nucléaires ont explosé : la destruction de la famille, la déchristianisation, le triomphe du porno, la généralisation des drogues, le culte de l’argent-roi, la disparition des valeurs d’honneur, de courage et de loyauté… Ces physiques monstrueux nous disent que la décadence n’est pas une promenade de santé. Elle semble facile et agréable mais elle est en réalité une boucherie. Elle anesthésie certes dans un premier temps, mais vite survient la déréliction.
L’homme occidental privé de sa civilisation est un orphelin morveux et crotté qui appelle au secours. L’homme sans Dieu est déjà en Enfer.
Samedi 28 décembre 2024
Réveil tôt. Salsa dans les oreilles toute la journée ou presque. Au beau fixe. Les latinos savent me rendre heureux.
Por la mañana siempre sale el sol primero
Y se llena de luz el paraíso mío
Y en la verde montaña el jibarito canta
Un le lo lai que es ritmo y del mundo entero
(Isla del Encanto par Hector Lavoe)
Dimanche 29 décembre 2024
Les hommes sont bêtes.
J’en ai eu une nouvelle preuve ce soir à bord d’Uber. Mon chauffeur m’a confié qu’il a été impliqué dans deux accidents de moto en tant que motard, chacun ayant occasionné quelques jours de coma.
Le premier s’est déroulé sur le chemin de retour à la maison. Un autre abruti de motard a brûlé le feu rouge et l’a percuté de plein fouet. Moto vs Moto à disons 80 à l’heure. 5 jours de coma.
Le second a eu lieu sur un grand boulevard pas très loin de chez moi. Il s’est pris la glissière de sécurité en pleine tronche. A 200 à l’heure. 200 à l’heure en pleine ville. 8 jours de coma. Il s’est réveillé pendant que sa femme et sa mère se disputaient : « Pourquoi tu l’as laissé acheter la Suzuki ? A cause de toi, il va mourir ! »
Qui a dit que les femmes ne pouvaient pas réveiller les morts ?
Après cet épisode et le divorce qui lui a succédé, notre ami a largué la moto. Direction Uber où il se comporte plutôt bien selon moi.
Les hommes, nous sommes bêtes. Moi le premier, il me faut un grand coup sur la tête pour comprendre l’évidence et changer de cap. Je crois, à ce titre, que je rends triste mon psychologue ou riche peut-être…
Les hommes sont bêtes car ils savent qu’ils vont mourir ou se faire couper un membre mais ils accélèrent quand même. « C’est l’adrénaline mon frère, l’impression de liberté, ça passe avant tout le reste ». Comment est-ce que tu peux faire confiance à des êtres esclaves de leurs hormones ? Pourtant ils votent…
Les hommes sont bêtes mais indispensables.
Il suffit de les guider. Il leur faut un père, un chef, un mentor qui les empêche de mourir avant d’avoir fait quelque chose de valable de leurs hormones.
Mardi 31 décembre 2024
L’année se termine. Elle a été très bonne, même si décembre a été difficile. Un mois sur douze, ce n’est pas grand-chose.
Réveillon à deux à São Paulo. A la maison.
Madame est belle.
L’an dernier, elle m’a amené à la plage à minuit. Les Brésiliens ont cette coutume magnifique qui consiste à se mouiller les pieds dans l’eau au passage de l’an. Habillés en blanc, ils sont, hommes, femmes et enfants, le long de la plage du nord au sud du pays. Ça m’a porté bonheur à vrai dire. Ma femme me porte bonheur tous les jours. Merci Luciana.
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