Les réactions à la convention de la droite, organisée le weekend dernier, confirment qu’elle a visé juste. En effet, le premier ministre a cru entendre (ou sentir) des « discours nauséabonds » alors que son ministre de l’intérieur s’est empressé de fustiger des « discours de haine ». Connaissant le profil des deux intéressés, il y a de quoi se réjouir. Quand le progressiste (c’est-à-dire le bourgeois bienpensant) a peur du peuple – ce qui lui arrive tout le temps– il a tendance à l’insulter en s’en prenant à son odeur et son apparence. Plus le bourgeois a peur, plus il s’acharne sur le peuple pour le stigmatiser et en faire un objet répulsif. Un motif de dégoût qui doit être confiné aux marges par mesure d’hygiène et pour le bien de tous. Ainsi et après avoir renvoyé le peuple dans sa France périphérique, les bourgeois s’appliquent désormais à le ghettoïser en édifiant un mur symbolique autour de lui. La muraille de Chine est olfactive : tout ce que le petit blanc peut penser ou ressentir est par essence dégoûtant, rétrograde et patriarcale.
Le pouvoir a la trouille car la droite – celle qui s’est donnée à voir lors de la convention – est authentiquement populaire. Elle est la voix du peuple, elle sent le monde comme lui et, cerise sur le gâteau, son mode de vie est similaire au sien. Le peuple n’a jamais demandé le vivre-ensemble car il a toujours cultivé le savoir-vivre, un mélange subtil de respect et de courtoisie ; il n’a jamais voulu la diversité à qui il a toujours préféré la vraie pluralité, celle des opinions et des nuances, d’ailleurs, comment peut-on donner des leçons de diversité à un peuple qui sait marier les différences de tempérament entre un Corse et un Breton ou un Alsacien et un Basque ? ; enfin, le peuple aspire à la concorde et à la paix civile et non au climat de violence qui oppose les minorités à la majorité indifférente et les voyous au reste de la société.
Le peuple n’a que faire des accusations d’islamophobie car il n’est pas islamophobe. La France a accueilli, sans grand drame, des millions de musulmans et continue à donner des titres de séjour à des dizaines de milliers de musulmans chaque année en dépit des attaques meurtrières de 2015. La France est un des rares pays au monde où le musulman ne court pas le risque d’être torturé par la police ou opprimé en raison de sa confession (essayez d’être chiite en Arabie Saoudite pour voir).
Toutefois, le peuple français et ses représentants réunis à la convention de droite n’ont pas encore admis qu’il y a un autre peuple en France et qu’il a lui aussi une place dans l’équation qui déterminera le futur du pays. Aucun réveil ni sursaut n’auront lieu si on continue à refouler dans les profondeurs de l’inconscient la présence de millions de musulmans en France, porteurs de papiers français. Ils font partie du problème comme de la solution : ils sont incontournables.
BHL a « presque » raison lorsqu’il parle de « déclaration de guerre aux musulmans », il exagère bien sûr mais il met le doigt sur un angle mort de cette nouvelle droite qui émerge. Les musulmans ne sont pas un fardeau ou une entrave. Ils peuvent, sous certaines conditions, accompagner le mouvement qui fera exploser les digues plantées par les progressistes. Ils sont une force de réserve qui peut remettre en cause le délire sociétal qui s’est emparé de nos chers maîtres. Comment voulez-vous qu’un musulman applique la PMA ou se déclare descendant d’un géniteur 1 et d’un géniteur 2 ? Comment voulez-vous qu’une femme musulmane soit le « père » de quelqu’un ?
La réserve d’enracinement se trouve chez les musulmans de France aussi. Le monopole du bon sens n’est pas exclusif aux Français de souche. Plus important encore, les Français de branche ne sont pas concernés par le perfide plafond de verre qui a été installé dans les cœurs et dans les esprits. Le lavage de cerveau, opéré depuis la présidence Mitterrand à l’école et dans les médias, semble avoir épargné les enfants de l’immigration. Ils ont gardé une réserve de violence, une saine violence, dont, me semble-t-il, le Français de souche a été privé.
Il revient à la droite – celle qui veut vivre pas celle qui veut mourir en rejoignant LREM ou devenir un fossile – de trouver les moyens de parler aux musulmans de France. Elle n’a pas le choix car les progressistes ne tarderont pas à les manipuler pour les jeter contre les patriotes. Le pouvoir qui est capable de laisser faire les Black Block est parfaitement à même de lancer les « racailles » sur les ronds-points. Devinez qui va gagner.
Les musulmans ont beaucoup donné à la France. Ils ont beaucoup donné à la droite aussi. En 1944/1945, ils ont débarqué par milliers en Italie et en Provence pour chasser les nazis. En Algérie, ils étaient plus de 200 000 harkis et autres supplétifs musulmans, la droite les a abandonnés à leur sort en 1962, honte à elle ! Aujourd’hui, les Maghrébins et les Africains de confession musulmane rejoignent par dizaines de milliers l’armée et les forces de l’ordre. Ils sont soldats, marins et commissaires de police. Ils tombent sous les balles des islamistes au Mali en ce moment-même, sans que nous n’ayons une pensée pour eux, obnubilés que nous sommes par les « exploits » des joueurs de foot et les « compositions » des rappeurs.
Le sursaut de la France, s’il a lieu un jour, sera l’équivalent d’une sahwa (un réveil). La renaissance de l’espoir sera l’équivalent d’un baath (une résurrection). Il est impossible de remobiliser le peuple de souche autour d’un nouveau projet national sans s’adresser au peuple de branche. Autrement, on se dirigera vers l’apartheid. Et je ne suis pas sûr que les Français, aux muscles ramollis par la civilisation du bien-être et de la repentance, soient prêts à payer les conséquences d’une partition.
La droite n’a pas besoin de s’adresser aux cinq ou six millions de musulmans qui vivent en France (ils sont certainement plus que cela). Elle doit simplement laisser une porte ouverte à la minorité de musulmans qui sont prêts au sacrifice pour la France. Qu’elle balise le chemin à ces hommes et à ces femmes qui veulent donner un sens à leur vie qui soit autre chose que de cracher dans la soupe ou de cultiver la nostalgie du bled. Pour le moment, elle leur tourne le dos.
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