Nous autres Marocains connaissons par cœur la culture française. Bien plus, nous avons une idée assez précise de la géographie et de l’histoire de France. Dans l’autre sens, la réciproque n’est pas vraie, loin de là. Il faudrait peut-être que les jeunes français et surtout les élites hexagonales s’intéressent à ce qui se passe dans les âmes marocaines et ailleurs au Maghreb car la France elle-même est devenue une prolongation de l’Afrique du Nord. Avec six ou dix millions de maghrébins sur son sol (qui connaît les vrais chiffres de l’immigration ?), la France ne peut plus se complaire dans l’ignorance des affaires et mentalités nord-africaines.
En tant que spécialiste de la France, comme des millions de Marocains au demeurant, je me permettrais de donner quelques conseils à mes amis français quant au mal qui promet de rendre leur vie infernale sur plusieurs générations : l’islamisme.
La recette peut paraître simple : 50% des efforts à appliquer sur les Français de souche, 25% sur les musulmans installés en France et 25% sur les islamistes. La recette est réellement simple à énoncer mais difficile à mettre en œuvre dans une démocratie libérale qui a oublié ce que veut dire la raison d’Etat. Pire, les élites ont banni le bon sens dont les vestiges ont été ensevelis sous des couches indigestes de droits et de libertés sans aucune prise en compet du bien commun. La France en paye le prix aujourd’hui (près de 300 morts depuis 2015) et ce n’est qu’un début.
Réveiller les Français de souche : 50%
Le plus grand problème de la France, ce qui fait sa vulnérabilité, réside dans les mentalités françaises. Il faut avoir le courage de l’énoncer clairement. Les Français risquent de perdre la guerre parce qu’ils sont trop bien élevés. Ils se font arracher des pans entiers de leur territoire et cracher à la figure par des étrangers malveillants parce qu’ils utilisent les bonnes manières là où il faudrait distribuer des paires de baffes. En effet, les Français ont été profondément pacifiés par un Etat surpuissant. Leurs mentalités ont été alignées sur le respect de la loi et la soumission totale aux règles du jeu. Leur formalisme et leur légalisme sont attachants, ils fondent le côté sublime du Français, ce citoyen qui râle tout le temps mais qui s’arrête volontiers au feu rouge et ne stationne jamais en double file. L’âme du Français a été remaniée en profondeur par une administration tatillonne, juste et efficace. Le citoyen a été désarmé, on lui a appris à faire confiance et à s’attendre au meilleur. Il ne se méfie pas assez car l’Etat est bienveillant ; il ne se défend plus avec vigueur car la République lui a appris à déléguer son pouvoir à la police et à la justice. Il se retrouve impuissant lorsque les élites l’abandonnent et commandent à l’Etat de ne rien faire : telle est l’histoire des faits divers en France depuis les années 1980. Laxisme, faiblesse et angélisme.
Or, l’islamisme et tous les phénomènes qui l’ont précédé ou l’accompagnent encore comme la délinquance profitent de la « castration » symbolique du peuple français. Vu de l’extérieur, il est impossible d’admettre qu’une racaille puisse s’attaquer à une patrouille de police sans terminer son « épopée » à l’hôpital. Il est extrêmement difficile de comprendre l’impuissance de la société face à des bandes d’adolescents qui terrorisent des villes entières.
J’insiste : la société française est faible parce qu’elle a désappris, au cours des siècles, à se défendre. La violence a été bannie des relations interpersonnelles. Elle est devenue la spécialité de l’armée dont l’effectif est une goutte d’eau (100 000 hommes et femmes) dans un océan formé de millions de citoyens incapables de rendre les coups qu’ils ont reçus. Pire, l’Etat et les forces armées sont constamment démoralisés par un discours culpabilisant dont le seul objectif est d’enchaîner les mains de ceux qui détiennent le monopole légitime de la violence. A ce titre, la catastrophe qu’a constitué la fin de la guerre d’Algérie (avec la révolte des militaires et les punitions qui l’ont suivie) semble avoir marqué à jamais les forces de sécurité. Les hommes en uniforme préfèrent obéir aux ordres, mêmes les plus absurdes, quitte à mourir trucidés par des nains.
Avez-vous déjà vu des attentats islamistes en Italie ? Imaginez-vous un seul instant un djihadiste s’en prendre à des passants désarmés à Palerme ou à Naples ? Est-ce que les bas quartiers de Rome ou Milan flambent pour un oui ou pour un non ?
La réponse à toutes ces questions est un non franc et massif bien que l’Italie compte des millions de musulmans sur son sol et qui sont, dans l’ensemble, bien moins traités que leurs coreligionnaires installés en France.
Les Italiens ont la paix parce qu’ils sont dissuasifs. La première racaille qui s’en prend à un local risque de subir les foudres de sa famille, de son clan voire de la mafia. Le premier terroriste qui pose une bombe s’expose au lynchage par les civils alors que les Français se spécialisent dans la pose de fleurs sur les lieux de l’attentat.
Les Italiens n’ont rien de sauvage, ils sont tout juste des humains à part entière alors que les Français ont été inhibés à l’extrême par un Etat bienveillant et surpuissant.
Partout où l’influence « castratrice » de l’Etat jacobin a trouvé un contrepouvoir local, le citoyen est encore en mesure de se défendre. Le cas corse est éloquent. Aucune racaille, aucun commando islamiste n’osera s’en prendre aux civils corses. Car ils sont protégés par un tissu social encore dense qui applique la tolérance zéro.
Il est donc essentiel de mener une remise en question sérieuse de la méthodologie française de lutte contre l’infraction, qu’il s’agisse de la délinquance ou du terrorisme puisqu’il existe un continuum entre les deux. Le « casting » des attentats du Bataclan en a apporté une preuve éclatante. Il n’existe pas de « loup solitaire » : il n’y a que des délinquants qui prolongent leur vie ratée dans un acte soi-disant religieux.
Il est trop tard pour réapprendre aux Français la légitime défense. Il sera plus facile de redonner à l’Etat les moyens d’une action efficace, loin de toute naïveté et candeur. Cette révolution copernicienne est urgente, elle fera sortir le pays de la longue nuit progressiste qui a achevé de le transformer en une terre « prenable » par le premier venu.
Mettre les musulmans de France devant leurs responsabilités : 25%
L’islamisme est une maladie qui accompagne les communautés musulmanes où qu’elles soient. Comme la malaria, cette affection connaît des périodes de rémission et d’horribles poussées de fièvre. La sagesse commande de s’occuper du grand corps malade porteur de l’infection. Or, pour s’occuper d’un patient, il faudrait d’abord l’atteindre, l’avoir à portée de main avant de communiquer avec lui dans une langue qu’il comprend.
Depuis quarante ans, la France coupe le lien avec les millions de musulmans qui vivent sur son sol. Pour ne citer qu’un aspect de cette rupture du lien, je signalerai la fin de la mixité dans les banlieues avec le départ massif des petits blancs. Ils sont partis chassés par la racaille d’abord et non par l’Islam. L’entrée en scène des islamistes (avec leurs obsessions : le halal, le voile et les prières de rue) a été permise par l’exode du petit peuple de souche ou européen (issu de l’immigration portugaise, espagnole, etc.). Ce faisant, la présence française en banlieue se résume à quelques incursions des CRS et aux énormes plans de rénovation urbaine (qui ne servent à rien puisqu’une plaque de béton n’a jamais fait de politique).
Le seul et véritable antidote à l’islamisation des immigrés est la diversité. Le comptoir d’un bar, le zinc, est le lieu où se désactive les « pulsions » naturelles qui traversent l’inconscient collectif des Maghrébins. J’en fais partie et j’en parle avec la plus grande des aisances. Notre inconscient collectif et notre histoire politique racontent invariablement le recours à la radicalité religieuse face aux crises et aux époques de grand doute. Vous nous laissez entre nous : nous avons recours aux vieilles recettes léguées par nos aïeux. Vous vous mêlez à nous : vous nous proposez des alternatives comme l’action syndicale, l’élévation de l’âme par l’excellence académique voire la vie militaire.
Dire les choses comme je viens de le faire ne confine pas à la haine de soi. C’est ouvrir les yeux sur qui nous sommes. Le fanatisme est un ferment de grandeur quand il est bien appliqué. Est-ce que les Pharaons étaient des mous ou des modérés ? Est-ce que les fondateurs des Etats-Unis étaient prêts au compromis ? Non ! C’est d’ailleurs la virilité et la détermination de nos grands-pères qui ont couvert de gloire les goumiers, spahis ou autres tirailleurs durant le XIX° et le XX° siècle. Du Mexique en Indochine en passant par la Provence, la force et l’ardeur des nord-africains ont illuminé l’histoire militaire française. Mieux encore, nos aïeux ont été essentiels dans la Libération et la défaite de l’ennemi nazi.
Parler aux musulmans de France signifie aussi s’adresser à eux dans une langue et via des canaux qui leur sont familiers. Ce n’est pas France Inter ni France 24 qui ont le potentiel de toucher le public des banlieues. La France a le devoir de faire mieux qu’Al Jazeera et de proposer une offre audiovisuelle qui fasse sens auprès des millions de musulmans dont la maîtrise du Français est incertaine. Cela veut dire explorer la diffusion en wolof, arabe, kabyle, kosovar et toute autre langue qui représente un enjeu de sécurité intérieure. Cela veut aussi dire élaborer une grille de programmes orientés vers l’info locale et obéissant à des valeurs acceptables par un public conservateur. Ces propos feront sursauter plusieurs de mes amis mais il est trop tard pour faire la fine bouche. Soit nous nous adressons au public musulman, soit nos ennemis le feront à notre place et à nos dépens. Ils le font déjà admirablement…
Neutraliser les militants islamistes : 25%
Cette partie est la plus aisée car elle relève d’un travail technique aux mains de la police, des services de renseignement, de la justice et de l’administration pénitentiaire.
Si le travail en amont a été accompli (décomplexer l’Etat comme on l’a vu dans un premier temps), il sera facile d’isoler les éléments dangereux. Si le contact a été renoué avec les musulmans (deuxième partie), l’action de l’Etat sera d’autant plus aisée que les langues vont se délier. Il n’y aura plus de logeur de Saint-Denis pour cacher les terroristes dans un trou car la population aura, au préalable, informé la police de la présence d’individus « bizarres » dans les environs.
Que faire des radicaux ? La réponse tient en trois mots : expulser, emprisonner et récupérer.
- Expulser les étrangers sans y penser à deux reprises. Certains pays refusent de rapatrier leurs nationaux, il faudra imaginer des solutions palliatives.
- Emprisonner les éléments qui ne font pas pénitence pour les isoler de la population.
- Récupérer tous ceux qui reconnaissent leur égarement et demandent une deuxième chance.
David Galula, le génie français de la contre-insurrection disait dans les années 1960 déjà : « Un rebelle repenti vaut plus qu’un rebelle abattu »
Tout est là sous nos yeux. Tout est bon sens.
Au boulot !
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