Avoir raison ne suffit pas. Faire le bon diagnostic ne sert pas à grand-chose. Il faut parvenir à convaincre son prochain. Et nous, gens de droite, ne sommes pas très doués dans ce sens. Nous voyons le tsunami arriver mais nos ennemis, souvent des nains sur le plan intellectuel et moral, nous expulsent et nous condamnent à crier « danger ! » depuis le fond d’une grotte en marge de la plage. Nos amis, nos camarades de promo voire notre propre famille nous tournent le dos parce que nous avons osé évoquer un lien entre immigration et délinquance, islam et islamisme, travail et mérite. Le goût de la défaite est amer, la brûlure de la solitude est acide. Il faut l’avouer et essayer d’y remédier.
Trop bon, trop con
Nous passons la moitié de notre temps à nous démarquer du nazisme, du fascisme et de l’extrême-droite. Une phrase sur deux est une défense de notre moralité, une justification circonstanciée de notre pedigree démocratique et « républicain ». Nous sommes arabes, ibériques, noirs, gaulois mais nous sommes obligés de porter sur le dos la culpabilité des Allemands des années 1930.
On ne regarde pas son ennemi en face quand on a le dos courbé. Il faut se tenir droit et lever les yeux pour avoir une chance d’être respecté.
Ainsi, la prochaine fois que quelqu’un vous traite de fasciste, de raciste ou de xénophobe, vous lui donnerez une paire de baffes (si vous pouvez) et vous vous retirerez illico presto en coupant court à la discussion. On ne dialogue pas avec son bourreau : soit on le supplie de faire sa sale besogne au plus vite, soit on lui crache à la figure par orgueil. Dans aucun cas, on ne s’abaisse à échanger des arguments avec celui qui jette un anathème en guise d’introduction.
Les islamistes l’ont bien compris et tout le monde les laisse tranquilles. Quelle rédaction française ose encore évoquer l’Islam d’une manière intelligente et nuancée ? A part Causeur et quelques rares ilots de courage, les médias ont peur de se faire massacrer par un « loup solitaire » qui aurait mal compris l’édito publié la veille. Il n’est pas question ici de défendre la violence islamiste, il s’agit de lire le contexte et d’écouter les bruits qui émanent de la jungle où nous ont plongés nos élites.
Le point Godwin n’existe que parce que la Droite tombe dans le panneau. Il lui revient de s’en sortir toute seule par un peu de virilité et d’estime de soi.
Sans prestige, on ne va pas très loin
Les progressistes n’ont plus besoin de penser, d’ailleurs ils ne pensent plus depuis trente ans, car ils sont défendus par des stars de la scène intellectuelle et artistique. Inutile de citer des noms propres, il suffit de prendre les catastrophes récentes (ruine du Venezuela par le régime Maduro ou retour de la Libye à l’âge de pierre) pour trouver la trace de « figures » au prestige immense. Elles ont presque toujours tort sur tout mais ce n’est pas grave : leur prestige est comme un talisman qui les protège des flèches tirées par le réel (et par les victimes qui cherchent réparation).
Au lieu de perdre du temps à écrire des livres et des articles, nous devrions explorer les moyens de créer du prestige autour de nous et de nos représentants. Partir à la quête de la pierre philosophale car créer du prestige relève de la magie et l’homme se nourrit de pensée magique.
Une piste peut-être : remonter dans le temps et s’abriter chez les Classiques comme Dante, Machiavel ou Richelieu. Leur demander pardon (d’avoir, par notre silence, permis la ruine de la civilisation européenne) et implorer leur concours pour nous aider à nous relever. Si notre appel est entendu, ils feront pleuvoir sur nous cette poussière d’or qui nous rendra visibles aux yeux de nos semblables et déviera les balles tirées par les barbares qui veulent nous faire taire.
Les Italiens de la Renaissance, les Français du Grand Siècle, les Antiques grecs ou romains, les Pharaons si vous voulez. Les maîtres ne manquent pas.
Moi, au Maroc je convoque Moulay Ismail (1645-1727) comme on récite le nom d’un saint homme dans les heures graves. Parfois, je me réfugie à l’ombre de la figure rassurante de Hassan II (1929-1999), je le fais en général pour titiller des militants de gauche et d’extrême-gauche qui lui reprochent d’avoir épargné au Maroc la dictature du prolétariat. En France et en Occident, je demande l’asile moral et spirituel chez Von Clausewitz, Galula et Rousseau.
Vendre du rêve et non de l’angoisse
La droite française est peut-être la plus bête du monde, il y a certains jours où j’adhère sincèrement à cette croyance. Notre bêtise vient aussi de notre obsession de rendre compte, expliquer et argumenter. Or, les idées (et les partis) qui triomphent sont ceux qui vendent une utopie, une promesse, un horizon. Tirer la sonnette d’alarme est le travail des pompiers et des forces de sécurité, le travail du politique est de définir une mission et d’engager le peuple autour d’elle. Plus la mission est « farfelue », plus elle a de chances de percer.
Est-ce qu’appeler à libérer la France en juin 1940 était quelque chose de « raisonnable » et qui tombait sous le sens ? Est-ce que vouloir envoyer l’homme sur la Lune était un acte calmement réfléchi, démontré par A+B ?
Moins de sérieux, moins de gravité, plus de légèreté et d’imagination. Cela fait trente ans que nous essayons de faire peur aux Français et ils ne font que nous tourner le dos : ils ont bien élu Macron et lui ont donné une magnifique majorité parlementaire ! Le temps est venu d’inventer un projet national qui soit populaire (au service du peuple) et « souriant ». Plus on parle aux gens de guerre civile, plus ils se jettent aux pieds de LREM et de France Inter pour se faire servir une dose de somnifère. Ils veulent voir le feu de l’espérance, l’énergie des aventuriers, le mirage d’une France réconciliée avec le bonheur.
A titre personnel, je préconise un projet fédérateur qui réconcilie la France et le Bon Sens. Grâce à Dieu, le Bon Sens est une ressource rare correctement répartie entre les groupes ethniques et religieux installés en France. Cela me pousse à tendre la main aux musulmans qui préfèrent la survie de la France au triomphe de la Charia. Ils sont minoritaires certes mais une poignée d’hommes et de femmes motivés peuvent changer un pays, c’est la définition même du mot élite. Oui, il faut promettre aux Français la « ventilation » des couches supérieures de la population : Ah bas les incompétents et les progressistes, Vivent les Français de souche et de branche qui se sentent responsables de l’avenir de leur pays !
Je peux me tromper. Peu importe au fond. Ce qui compte c’est marcher ensemble vers une idée fixe et séduisante. Macron marche pour marcher (expression empruntée à François Bert, ancien officier et consultant dans le civil). Moi, je rêve de marcher pour refonder la patrie sur des valeurs qui soient dignes de nos anciens.
Rendons coup pour coup, exaltons l’héritage classique et faisons le pari (pascalien) que le bonheur est possible et qu’il est Français.
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