Le Brésil est autre chose qu’un pays exotique, lointain, perdu derrières les vapeurs tropicales et l’air chaud de Copacabana. Il s’agit du pays occidental qui a donné le plus d’espace au progressisme au point de chambouler ses lois au nom d’une idéologie de bisounours. Enquête.
Nulle part ailleurs dans le monde occidental, la gauche n’a eu autant les coudées franches qu’au Brésil. La présidence Cardoso (social-démocrate, 1995-2003) et les présidences Lula et Dilma (gauche syndicale, 2003-2016) ont permis de modifier en profondeur les lois brésiliennes notamment en matière pénale.
C’est ainsi que le prisonnier brésilien est un des rares reclus du monde à bénéficier de plusieurs « weekends » au grand air, en toute liberté. Il a le droit à une sortie pour passer les fêtes de fin d’année en famille (saida de natal), une autre à la Toussaint, à Pâques sans oublier la fête des mères et celle des pères. Résultat : un parricide peut quitter la prison pour 48h à l’occasion de la fête des pères. Une mère qui a assassiné son enfant est parfaitement en mesure de faire un tour dehors à l’occasion de la fête des mères.
A l’approche de Noël, le syndic de mon immeuble a fait circuler un avertissement par email à tous les habitants : « en raison de la saida de natal, plusieurs criminels seront libérés, je vous demande de faire attention pour éviter toute invasion de l’immeuble. Soyez sur vos gardes à pied ou en voiture, à l’arrivée et au départ. » Il a raison de s’inquiéter car, à chaque sortie, ils sont 30 000 détenus à retourner dans les rues juste dans l’Etat de São Paulo ! Plusieurs en profitent pour se faire la belle : 4% selon les autorités.
C’est beau le progressisme !
Le code pénal brésilien est le scénario idéal pour un remake quotidien d’Orange Mécanique. D’ailleurs, ça ne rate pas puisque le pays est champion du monde en homicides (65 000 en 2017).
Une personne qui se fait condamner pour un crime grave comme un assassinat a de grandes chances de ne passer que les 2/5° de sa peine derrière les barreaux. Elle évoluera immédiatement vers le régime « semi-ouvert » où elle passera les journées en ville. Il suffit qu’elle se comporte bien en prison (la moindre des choses). Le seuil est ridiculement bas pour les cambrioleurs ou les escrocs : 1/6° de la peine. J’ai moi-même connu des chauffeurs Uber dans ce cas : conducteurs le jour et prisonniers la nuit.
Ensuite, le régime « semi-ouvert » se transforme en liberté conditionnelle, pure et simple.
Et pendant la durée de son séjour carcéral, le détenu aura droit à une visite conjugale, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’une maitresse ou d’une prostituée. Par ailleurs, le prisonnier de condition modeste et qui a une famille à charge peut obtenir un auxilio presidiario, une allocation dont le montant avoisine le SMIC.
Pour prétendre à ces bénéfices, il faudrait d’abord se faire incarcérer. Une gageure au Brésil où la cour suprême vient d’émettre un arrêt qui interdit d’emprisonner quiconque ayant déposé un recours en cour de cassation. Ainsi, un assassin ou un violeur restera en liberté même si le tribunal de première instance et la cour d’appel l’ont déclaré coupable. Il s’agit d’une nouveauté annoncée en novembre 2019. Elle a été concoctée de toutes pièces pour libérer Lula. Ils sont près de 5000 détenus à pouvoir en bénéficier selon les médias brésiliens.
Le délire de la justice brésilienne est du pain béni pour les mafias. Il fait partie d’une entreprise globale de destruction des forces chargées de protéger la société. Un projet qui va bien au-delà du domaine pénal.
Pour s’en convaincre, il suffit de suivre les déclarations de certaines ONG spécialisées dans la défense des droits de l’homme. Elles gardent le silence au sujet des exactions commises par les trafiquants sur les populations des bidonvilles (couvre-feu, décapitations, corps dissous dans l’acide etc.) mais montent systématiquement au créneau à la moindre balle perdue, attribuée à la police.
Des artistes renommés utilisent leur prestige pour bombarder la police de critiques acerbes. Une critique à sens unique et dont le bénéficiaire final est la mafia qui combat un ennemi démoralisé et amoindri. Ces artistes gagneraient à critiquer les bandits autant que la police qui, il est vrai, présente d’énormes insuffisances. Elle reste néanmoins le dernier rempart face au « fascisme » narco.
En réalité, le Brésil fait face à un complexe qui marche sur deux pieds : du côté gauche, les bien-pensants ; du côté droit, la mafia. Un monstre invincible dans les conditions normales. Un géant qui alterne entre la séduction, la corruption et la cruauté. Ce n’est pas pour rien que le Brésil est un des pays du monde où l’on tue le plus de journalistes : toutes les rédactions qui enquêtent honnêtement sont exposées aux représailles.
Sommes-nous logés à meilleure enseigne en France ? Oui pour le moment car la France dispose d’un Etat puissant et opérationnel. Le Brésil lui n’a jamais eu cette bénédiction. Mais chaque jour qui passe l’autorité de l’Etat français est bafouée. Les lignes rouges sont franchies, les unes après les autres. Nous en sommes déjà à des officiers de police égorgés à leur domicile et à l’intimidation des jurés de cour d’assises. Que de reculades causées par l’idéologie de l’amour et de la bienveillance !
Tout comme les Français, les Brésiliens ne se rebellent pas. Ils attendent un homme providentiel et ont trouvé en Bolsonaro un candidat pour ce job. Or, Bolsonaro est bien seul face à un Congrès sous la coupe des bien-pensants et dont le dernier des soucis est d’alléger la souffrance de la société brésilienne. C’est à croire que l’hyper-violence est un projet politique. Un mode de gouvernance en soi.
Vive le Progrès !
Leave a Comment