Ceux qui crient « black lives matter » ne luttent pas pour un monde plus juste et moins violent, ils ne font que répéter un slogan myope qui rate sa cible et contribue au recul général du niveau du débat.
On ne peut pas se dire ami de la cause des noirs américains et se taire devant le génocide moral commis par le rap. Cela fait quarante ans que les clips diffusent une image dégradée et dégradante des afro-américains. Trafic de drogue et ultra-violence pour les hommes, sexualisation à outrance et soumission pour les femmes. Autant de valeurs toxiques qui ne promeuvent pas l’élévation morale et esthétique des individus et des communautés.
On ne peut pas laisser chanter « mother fucker » et se déclarer militant de la cause noire. L’inceste n’a jamais été le compagnon de route des peuples qui réussissent. En faire la promotion est un véritable crime contre les noirs américains.
On ne peut pas crier « black lives matter » et fermer les yeux sur la violence des gangs. Ils violent, ils pillent, ils tirent sur la foule, ils éradiquent l’espérance chez des milliers de jeunes noirs qu’ils détournent des études pour les transformer en petits soldats du crime. Selon une étude publiée par la Harvard Kennedy School, les noirs, qui ne représentent que 15% de la population américaine, constitue 51% des victimes d’homicide (1980-2008). Des homicides commis à 93% par des noirs sur d’autres noirs et où l’on retrouve presque toujours la trace des gangs. Rien de cela ne suscite la colère des militants des droits de l’homme et des activistes autoproclamés de la cause noire.
Comment espérer être pris au sérieux si on ne pointe pas du doigt les ravages de l’épidémie des narcotiques, un fléau qui touche de plein fouet les noirs américains ? A quoi bon pleurer la mort d’un homme tué dans une bavure (aussi abjecte qu’incontestable) et garder le silence devant les dizaines de milliers de vies brisées par le crack ?
En réalité, All black lives matter, tous les noirs américains sont nos frères qu’ils soient victimes de la police, des gangs ou de la drogue. Leurs vies intéressent l’humanité toute entière car la civilisation ne peut souffrir de voir des innocents se faire massacrer. Cela est valide aux Etats-Unis mais aussi ailleurs comme en Afrique. Qu’est-ce qui nous empêche de nous solidariser du calvaire des noirs du Nord Kivu, violés et trucidés par des milices à la solde de puissances étrangères ? Pourquoi se taire sur le martyre des immigrés africains, réduits en esclavage en Libye et au Sinaï par les trafiquants arabes ? Nous avons fini par accepter implicitement que seules certaines vies noires méritent d’être défendues, c’est une honte.
L’indignation sélective ne sert pas la cause, elle la rend vulnérable à toutes les manipulations. Si j’étais l’ennemi des noirs américains, je les laisserais à la merci des gangs, de la drogue et des rappeurs et je les encadrerais par des militants mono-tâches qui ne sortent de leur sommeil prolongé que lorsqu’un policier blanc tire sur un noir. Si j’étais l’ennemi des noirs américains, je les présenterais comme des éternelles victimes dont on doit prendre soin, des grands enfants qu’il faut garder sous tutelle en leur désignant un ennemi à haïr (la police, Donald Trump) et des gentils protecteurs qui ne souffrent aucune infidélité (le parti démocrate).
D’ailleurs, il n’y a plus de grands leaders noirs. Nous ne sommes plus au temps de Martin Luther King, peut-être parce qu’il n’est plus question d’émancipation et de dignité mais simplement de maintenir l’inégalité structurelle entre les communautés. Martin Luther King rêvait d’union entre blancs et noirs, les youtubeurs d’aujourd’hui aspirent à repousser les policiers hors des limites du ghetto, rien de plus. Il n’est plus question de fraternité mais simplement de fixer les uns et les autres dans leurs différences c’est-à-dire leurs spécialités. Aux blancs, la start-up nation c’est-à-dire le sérieux et le concret, aux noirs, le futile et le passager. Il s’agit d’un apartheid d’un genre nouveau, une horreur.
La France devrait s’inquiéter de cette évolution car les Etats-Unis ont tendance à exporter leur mode de vie (donc leurs problèmes aussi). Nous en voyons d’ores et déjà les prémices dans la racialisation des conflits sociaux et des faits divers.
Le défi pour la France est de reconnaître le fait racial et de lui proposer un exutoire pour qu’il sublime son énergie en créant quelque chose d’utile. Deux choix se posent devant la France : devenir une nouvelle Afrique du Sud c’est-à-dire un pays malade de sa diversité raciale ou bien réussir à faire de sa (nouvelle) nature multiraciale un levier de puissance.
La première possibilité ne nécessite aucune action particulière, il suffit de laisser dériver les choses en confiant le débat public à des célébrités en mal de reconnaissance, toujours prisonnières de la sympathie des foules les plus abruties. Le sentiment de culpabilité de certains artistes issus de l’immigration (la culpabilité d’avoir fait de l’argent et d’avoir fui les « quartiers ») alimente la machine à désinformer : « la police française est raciste », « la France est l’ennemi des noirs ».
La deuxième possibilité exige d’établir une révolution copernicienne dans un pays qui se refuse à regarder la vérité en face : les ethnies, les religions, les origines. La France est une nation d’intellectuels qui ne parviennent pas à tirer les conclusions que l’humanité entière a tiré, depuis des lustres, concernant la diversité : elle peut éventuellement être une « chance » mais en général elle représente un immense défi pour l’unité nationale et la concorde civile.
Il ne sert à rien de nier l’évidence : dès qu’il y a une diversité raciale, émerge de suite la question du racisme et du ressentiment entre les individus pour une multitude de motifs, réels ou fantasmés. Le racisme existe (votre serviteur l’a expérimenté à ses dépends à plusieurs reprises), il laisse des marques profondes dans la psyché, c’est de la dynamite pure pour quiconque veut diviser une nation et l’empêcher de briller. Il existe aussi un racisme antiblanc et intercommunautaire (arabes vs noirs etc.). Toutes ces manifestations de haine et d’exclusion se valent, elles ont le même impact toxique sur la société qui devient une sorte de ring permanent où les racismes des uns et des autres s’affrontent.
Or depuis trente ans, la France fait semblant de lutter contre le racisme en autorisant implicitement le racisme antiblanc puisque le Français de souche est systématiquement mis en accusation par la parole autorisée. Le résultat est désastreux puisque personne n’est content : les « petits blancs » sont en rage, les minorités raciales n’ont jamais été aussi éloignées des lieux de pouvoir comme les directoires des grandes entreprises et la haute fonction publique.
La seule carte à jouer est d’admettre qu’une société multiethnique est aussi une grande chambre de doléances où la compétition sociale prend parfois les aspects d’une compétition raciale et communautaire. L’essentiel pour un pays qui se respecte est de briser les plafonds de verre qui enferment les différences dans des ghettos physiques (les cités) et virtuels (la sous-culture racaille).
Le rôle de la France est d’organiser les conditions d’une concurrence saine entre ses citoyens selon leurs talents et leurs ressources propres. Au lieu de lâcher les militants antiracistes sur les « petits blancs », la France ferait mieux d’activer l’émergence d’élites noires, arabes et asiatiques qui seront le symbole éclatant de la nature inclusive de la France. Cela exige de déghettoïser les populations immigrées qui sont prisonnières du rap, du foot et des mauvais lycées, autant de tranchées profondes qui empêchent les vraies élites d’émerger.
Quand des noirs et des arabes seront, grâce à leur seul talent, nommés patrons de groupes du CAC 40, il n’y aura plus d’espace pour les polémiques lacrymales en France. Les vies ratées de tel ou tel délinquant ne seront plus le fonds de commerce des militants antiracistes car la société saura leur opposer le succès indéniable de vraies élites issues de la diversité.
Si on remplace la logique victimaire par la perspective de la réussite, l’on aura sorti le noir de la condition de la victime parfaite. Cela vaut aussi pour toutes les minorités issues de la diversité : musulmans, arabes, asiatiques etc.
Si l’on cesse de considérer l’individu selon sa couleur ou son origine, on lui aura rendu son humanité. Exiger que les individus prennent leur responsabilité ici et maintenant est un acte humaniste, c’est la vraie émancipation. Cesser de renvoyer les gens vers les erreurs du passé (esclavage, colonialisme) et leur intimer d’assumer leur humanité sans détour, avec sa part sublime et son versant médiocre.
La vocation du noir n’est pas d’être un ange mais d’habiter pleinement sa condition d’homme. Réussir ce pari est un acte d’une portée universelle car chaque homme sur terre court le risque de passer à côté de sa vie et de jouer une partition que d’autres ont composé pour lui.
« Il n’y a pas de mains pures, il n’y a pas d’innocents, pas de spectateurs. Nous sommes tous en train de nous salir les mains dans les marais de notre sol et le vide effroyable de nos cerveaux. Tout spectateur est un lâche ou un traitre. »
Franz Fanon (Les Damnés de la Terre).
Bravo Driss. Vous nous aidez à sortir de la bêtise ambiante.
Merci Jean-Yves!
Le constat est bien posé. Toutefois, il faut y apporter deux précisions :
si, certes, les USA ont tendance à exporter l’american way of life, les “black live matter” et autre communautarismes sont importées en France par une certaine population, qui n’y est pas majoritaire, mais d’origine exogène, et qui se nourrit de rap, de haine du pays qui la nourrit, de parasitisme et de revendications ; ce n’est pas la majorité des français exaspérés par ces dérives qui en sont responsables (à part avec leur vote depuis 40 ans pour des “zélites” droitdel’hommistes et profiteuses).
Idem pour la ghettoïsation et l’exclusion, elle est voulue, maintenue, encouragée non seulement par les “zélites”, mais surtout par ces mêmes populations, sous influence religieuse, tribale et revendicative…et mêmes les arrosages financiers somptuaires envers ces mêmes populations et leurs “ghettos” auto-maintenus n’y ont rien fait, à part encourager la nonchalance, les récriminations, le saccage et le vol.
Et quid des autres populations immigrées antérieurement, d’origine européenne ou extrême-orientale ? Eh bien celles-là bossent, font faire des études à leurs enfants, et se sont parfaitement assimilées (j’ai bien dit assimilées, pas “intégrées”, ce terme bidon). Ceux qui ne s’assimilaient pas ne sont pas restés parasiter, ils sont retournés logiquement chez eux.
Merci pour votre texte, apaisé et invitant à une juste émancipation. Tout à fait d’accord avec les fait que les modèles dégradants tant pour les hommes que pour les femmesJuste faire passer les lois de la république avant la religion aussi. Ne pas oublier que – les noirs américains descendent d’esclaves importés contre leur gré en Amérique. Les immigrés africains et magrébins sont en France de leur plein gré , soi disant pour une vie meilleure; Soi disant car au lieu de s’adapter de faire à Rome comme les Romains, ils veulent conserver leur façon de vivre et ne montrent pas leur volonté d’adaptation par le prénom des enfants, ni par une adhésion aux valeurs de la république. Voila pourquoi vous ne pouvez pas mettre les asiatiques dans votre exemple. à mon sens
Merci pour ce commentaire. Je voulais juste tracer un parallèle entre l’immigration “apaisée” des Asiatiques vs les crises sempiternelles de l’immigration maghrébine.
Je suis d’accord avec vous.
Bonjour, j’ai decouvert votre site et j’apprécie le contenu de vos articles. Bien rédigés, avec un contenu clair et une vision juste. Par rapport au rap, je voudrais juste dire que ce sont souvent des afro-americains guettoïsés qui s’y sont mis. En racontant leur quotidien (violence comprise), il se sont fait un nom et sont sortis de ce monde… donc après on ne peut pas trop leur reprocher de ne pas parler de papillons & de la douceur de vivre… un artiste parle de son vécu, et si cela parle aux auditeurs, sa fortune est faite. Bref. Par rapport à la France, je prie pour que de bons dirigeants soient mis en place… actuellement c’est horreur sur horreur. Socialement, économiquement et humainement il n’y a aucune avancée, juste du recul. Et en effet, la diversité raciale qui s’est installée (sans parler de l’islam qui est encore un autre problème) est un défi de plus, et non une chance! Une nation homogène est, par essence, plus facile à gérer (et les africains, avec l’exemple du rwanda ne diront pas le contraire). Et pour conclure, marre que l’on confonde les afro-americains, descendants d’esclaves et présents depuis plus de 300 ans aux USA, donc 100% américains pour moi, et les “afro-français” qui sont là depuis bien moins longtemps et n’ont jamais servi d’esclaves en France!
La France est effectivement très mal servie par ses élites politiques et culturelles. Elles sont un passif et non un actif pour ce grand pays. Jamais le niveau a été aussi bas.