La France suspend les vols en provenance du Brésil au nom du principe de précaution. C’est bien, sur le fond, de se soucier de la santé des gens, d’autant plus que le variant détecté pour la première fois en Amazonie semble être à l’origine de la saturation actuelle des hôpitaux brésiliens. Vingt-quatre millions de Brésiliens ont reçu la première dose du vaccin, contre une dizaine de millions en France. Chaque jour, le Brésil applique jusqu’à 800 000 doses. Pas si mal pour un gouvernement dit négationniste. Il est désormais au 5e rang mondial des pays qui ont distribué le plus de doses (en volume). Si notre presse était honnête, elle dirait ces choses-là aux Français. Elle préfère tisser la légende noire du Brésil comme elle a tissé celle des Etats-Unis du temps de Trump.
Sur le fond, subsiste la question du variant amazonien. Est-il si dangereux que cela ? Une chose est sûre, les hôpitaux de São Paulo sont bondés et les morts induites par le covid atteignent des records.
Il est peut-être sage de fermer les frontières aériennes françaises, mais ce serait encore mieux de collaborer avec les Brésiliens pour comprendre de quoi il s’agit exactement. Il conviendrait de dépêcher des observateurs sur le terrain au lieu de traiter Bolsonaro de criminel. C’est-ce que ferait un bon dirigeant. Mais, sommes-nous encore gouvernés en France ? L’avènement du troisième confinement démontre plutôt que nous sommes gardés du matin au soir dans une sorte de jardin d’enfants où des énarques tiennent le rôle de nounous.
Il reste aussi à expliquer pourquoi ce même principe de précaution n’est pas appliqué à d’autres flux. Le territoire français est ouvert à tous: aux sains et aux malades, aux gentils et aux méchants, aux intellectuels distingués et aux coupeurs de têtes enragés. Beaucoup ont en commun de payer 5000 euros voire plus aux mafias qui organisent l’envahissement de l’Europe, par exemple depuis la Libye.
Brève publiée initialement dans Causeur.fr le 14/04/2021
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