La vérité sort de la bouche des enfants et des fous. Jean Lassalle l’est assurément : « enfant » au sens de la candeur non-feinte, « fou » au sens de la capacité à dire la vérité sans avoir peur d’être foudroyé par le Ciel ou ses représentants sur Terre qui sont les journalistes autorisés, auxquels un droit de vie ou de mort (sociale) a été accordé par notre République.
Lassalle, banni du débat organisé par TF1 lundi soir, a déclaré que « la démocratie en France n’est qu’une légende ». Il a raison bien sûr. Notre démocratie est une démocratie sans débat car les sujets sérieux ne sont plus éligibles au débat. Ils sont traités par le biais d’un consensus bourgeois qui descend d’en haut et écrase de sa bonne conscience les doutes et les désirs de l’homme de la rue. Tout ce qui est important est retiré du champ du débat, de la discorde et de la contestation. L’on considère que les sujets décisifs et structurants doivent être traités à Bruxelles ou à Davos, le peuple étant trop « bête » ou trop « replié sur lui-même ». Tout ce qui va changer votre vie et celle de vos enfants échappe à votre souveraineté : l’immigration de masse, l’islamisation, la désindustrialisation causée par le commerce inéquitable avec la Chine et par le fiasco de l’euro, la sortie du nucléaire etc.
L’ordre du jour de notre démocratie a été volé. Nous n’avons qu’à signer en bas des décisions prises ailleurs, très loin, dans le secret des conférences internationales et des « clubs » de l’élite. Qui vous a consulté sur le Pacte de Marrakech ? Qui vous a demandé votre avis sur la clef de répartition des réfugiés ukrainiens ?
Le refus du débat est la « signature » de notre régime politique. De crise en crise, d’urgence en urgence, on empêche le peuple de prendre la parole. « Voyez-vous, il y a urgence, Kiev brûle, alors il faut accepter 100 000 réfugiés illico presto. Voyez-vous, le climat se réchauffe plus vite que prévu, alors il faut démanteler notre industrie automobile fondée sur le diesel… » Tout est comme ça : tout est décidé dans le huis-clos de la tour de contrôle et sous la pression de l’urgence réelle ou artificielle.
Eh bien, si le peuple est incapable de prendre des décisions dans l’urgence, qu’on nous le dise, et qu’on démantèle une bonne fois pour toute cette démocratie de façade.
Or, nos élites ont besoin de légitimité. Elles savent qu’elles ne la trouvent plus dans leur bilan, désastreux. Alors, elles ont besoin de nous, de nos petits doigts qui mettent le bulletin de vote dans l’urne à la présidentielle, de nos petits cœurs qui s’émeuvent devant le drame (réel) des réfugiés. Nous ne sommes plus qu’un alibi, une sorte de vernis à la guimauve, posé à la va-vite pour sauver la face d’un système qui a mis le pouvoir entre les mains de l’oligarchie. Or, ce vernis résiste de moins en moins devant les assauts du réel, puissant dissolvant de l’hypocrisie ambiante. D’où le malaise de nos chefs qui s’irritent de voir des Jean Lassalle leur dire leurs quatre vérités. Et encore, je trouve ce monsieur fort courtois, car à mes yeux notre régime politique a quelque chose du travesti : il mêle les traits virils de l’autoritarisme et les traits doux de la démocratie libérale. Certains travestis sont juste sublimes, le nôtre ne l’est pas (en plus, il nous coûte cher vu la charge des impôts et l’inflation en cours).
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